NUIT

              Encore un thème bizarroïde voire étrangeoïdal à la Francis... qui lui, est un vrai poète, la preuve, c'est que je ne comprends pas souvent, voire jamais, ce qu'il écrit mais... c'est très beau...

                              Nuit

Pas de lune, pas d’étoiles, le grand noir absolu.
la muse me guidait vers des jours qui se lèvent,
m'accompagnait. Joyeux, tricotant un doux rêve,
jouant des mélodies de silence impollu,

j’avançais vêtu d’un soyeux habit de suie,
houppelande de soie vaporeuse et fragile,
j’étais maestro menant les lutins graciles.
Soudain un cri terrifiant déchira la nuit.

Depuis ce gigantesque accroc, je me sens nu
et tout le jour je couds, je brode et raccommode
la nuit pour qu’elle soit de nouveau à la mode.
... Et mes lutins chantent la chanson des canuts.
                                                          BaB le 3/09/24

                       Le thème était "recoudre la nuit", j'ai fait ce que j'ai pu et le comble, c'est que ça me parait vraiment poétique.

Comments

[Jacques Mary René BRAUD]

Se coucher tard nuit ! (Raymond Devos)

Mais quel est donc ce cri qui déchira le voile
De la nuit sans étoiles, à lune famélique
Qui t'obligea à coudre et recoudre la toile
Infinie et obscure de cette « peau étique»?

Le poète est semblable à un prince des nuits
Qui croit que tricoter les rêves est un pouvoir
Dont la muse Érato, un soir de beuverie
Lui aurait fait le don sur le coin d'un comptoir.

On tricote un doux rêve en soie couleur de suie
Pour danser au milieu de lutins familiers.
Soudain, on se retrouve tout nu et l'on fuit
Pour s'arrêter devant un métier-à-tisser.

, J.B.

[Jacques Mary René BRAUD]

Bravo Bab, pour ta perspicacité . Mais rendons à César ce qui est à César, seul le titre est de Raymond Devos. Le texte est bien de moi et se proposait de répondre au tien (je pensais que les nombreuses références suffiraient. Mais me confondre avec Devos (à qui, j'ai emprunté le titre de ce poème et dont j'ignore s'il maniait l'alexandrin), quel honneur !
J.B.

[librion.bab]

Ah ben merde alors, je ne connaissais pas ce texte même si le titre me dit vaguement quelque chose. En écrivant le mien je n’ai jamais pensé à Devos, je me suis simplement laissé guider par ma « muse » et la recherche des rimes…On pourrait presque m’accuser de plagiat. Si je n’étais pas modeste j’invoquerais la rencontre de grands esprits, mais je concède, à la lecture de R.Devos. que mon poème me parait maintenant assez pauvre… Cependant, j’en reste assez content de moi.